Raymond Queneau
Textes, contes, rêves
Illustrations d’Olivier Jung.
Pour commencer, je n’ai rien à dire. N’ayant rien à dire, je devrais me taire, si du moins il n’était légitime de dire que l’on n’a rien à dire. Ainsi du premier coup nous nous trouvons en face d’une contradiction qui se réduit peut-être à un sophisme mais qui ne se présente pas moins avec une apparence déchirante qui n’est pas faite pour nous rassurer. Du premier coup donc, nous nous trouvons jeté dans des abîmes de mélasses et des gouffres de tergiversations. D’aucun prétendent sans doute qu’il n’y a là pas de quoi fouetter un chat, s’il est des personnes du moins pouvant se livrer à de telles actions (j’y reviendrai) ; pour ma part, je ne saurais mépriser avec tant de fanfaronnades ces inquiétants détours.
Les textes inédits de Raymond Queneau – né en 1903, mort 73 ans plus tard – ici rassemblés sont, fidèles à son œuvre, le signe d’un langage essoré à l’excès, d’un humour truculent. Quelques courts récits pour malmener le sens, notes prises à la lisière du rêve et philosophies effrontées érigent un ensemble expérimental, drôle et fascinant. La religion, les grandes villes, l’amour, la psychologie, le fait politique – au final la vie dans toute son absurdité – sont le sujet de ces miroirs ténébreux qui, simultanément, célèbrent et moquent.
Dans ces écrits avortés, écartés ou oubliés brille le parcours d’un érudit de la lettre qui, après avoir rompu avec le surréalisme de Breton, diriga le comité de lecture de la NRF et l’Encyclopédie de la Pléiade, fonda le groupe littéraire Oulipo et fut membre du collège de ’Pataphysique – avec Boris Vian et Max Ernst – et de l’Académie Goncourt.
ISBN : 978.2.37792.153.9
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19 exemplaires numérotés et accompagnés d’un dessin d’Olivier Jung.
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Cent mille milliards d’exemplaires sur vélin ivoire.
21 euros.