Philippe Jaccottet & Henri Thomas

Pépiement des ombres
(Correspondance)

Edition établie par Philippe Blanc.

Dessins d’Anne-Marie Jaccottet.

Postface d’Hervé Ferrage.

2018 ‒ 248 pages ‒ 14 x 22 cm

Cher Philippe Jaccottet,
Personne n’a mieux compris ce Parjure que vous ; c’est que le point de départ vous est parfaitement connu, étant cette sorte de secret qui est au foyer de l’esprit maintenant, et que tous subissent et très peu tentent de comprendre. A mesure que j’écris, il y a quelque chose de plus en plus commun qui s’impose à moi – et vous savez aussi que nous vivons quelque chose d’inouï. Le problème de la communication ou non-communication poétique me paraît étrangement dépassé, et même renversé : tout est communiqué, et rien n’est encore exprimé (ce qui est peut-être le contraire, ou la contre-partie). Naturellement les rêveries prolifèrent, je n’arriverai jamais à couper à travers – je ne vois le soleil qu’en sous-bois.

Philippe Jaccottet est né en Suisse à Moudon en 1925. En 1941 il rencontre Gustave Roud qui lui fait découvrir Novalis et Hölderlin. Agé de vingt ans, il voyage en Italie, rencontre Ungaretti, puis en France où il séjourne, à Paris de 1946 à 1952. Dépassant l’existentialisme comme le surréalisme, Jaccottet instaure un clacissisme plus concret. En 1953, il s’établit en Provence à Grignan avec sa femme, peintre, et ses deux enfants, au moment où paraît son premier grand recueil : L’effraie et autres poésies. On lui doit, en marge d’une œuvre poétique abondante, de nombreuses traductions : Ungaretti ou Musil dont il a rendu accessible au lecteur français la quasi-totalité de l’œuvre.

Henri Thomas est né en 1912. Proche de Gide et du groupe de la NRF, il noue très tôt de solides amitiés littéraires. Il publie en 1940 son premier roman, Le seau à charbon, puis l’année suivante son premier recueil poétique, Travaux d’aveugle. Après quelques années à Londres, John Perkins, prix Médicis en 1960, puis, Le promontoire, prix Femina en 1961, lui assureront une certaine notoriété. L’année 1965 marque le début d’une période sombre. Devenu veuf il ne publie que de minces plaquettes avant de renouer, en 1985, avec une intense activité créatrice.

La correspondance de ces deux figures majeures de la poésie est le filigrane d’un demi siècle d’histoire littéraire. Débutée en 1949 elle ne prend fin qu’en 1993 avec la mort d’Henri Thomas. Réunis par le même souci d’équilibre entre “délice et supplice de vivre”, entre angoisse et splendeur, c’est d’abord la poésie qui est au centre de leurs échanges : la littérature est le seul grand sujet de cette réflexion vivante.

  • 918 exemplaires sur vélin de Houat.
    29 euros.