André Suarès

Lettre sur les anarchistes

Illustrations de Philippe Hélénon.

48 pages ‒ 12 x 21 cm

La violence est l’arme de ceux qui n’en ont point. Et le mensonge l’arme de ceux qui ont toutes les autres. Voilà donc les épées ternies que tiennent en duel les puissants et les misérables. Oui, ce sont bien là leurs noirs éclairs, et leurs sales lumières. Car le juste n’est aux mains ni de ceux-ci ni de ceux-là. Cela crie : et ils ne l’entendent pas. Ouvrez y donc vos âmes de ténèbres, ou bientôt vous ne vous entendrez plus vous mêmes. Où le juste n’est pas, se fait la nuit ; et ces chiens, qui veulent se mordre, vont planter leurs dents dans leur propre chair. On ne se nourrit pas que de mots ; mais on ne se nourrit pas que de pain. On ne vit pas que de cris ; et on ne vit pas que d’or. On ne vit que de vie : – c’est : on ne vit que de bien.

Fragile plaquette publiée en 1894, ce texte est celui d’un jeune André Suarès. Le verbe de feu, porteur d’une œuvre qui s’avèrera féconde d’intensité, y dévore déjà les pages.

La condamnation à mort de l’anarchiste Auguste Vaillant est à l’origine de cet essai magistral sur la loi des hommes, fruit pourri d’un système qui se mord la queue. Misérables et puissants voient leurs cœurs et leurs âmes sollicités : pour le bien de tous, l’amour doit y surgir des ténèbres. C’est d’une prose sévère et incarnée, délicieusement furieuse, que l’écrivain abjure une société fondée sur la violence et le conflit. Un cri qu’il convient de relayer.

André Suarès, poète et écrivain né à Marseille en 1868, fut animateur à partir de 1912 de La Nouvelle Revue française aux côtés de Gide, Claudel et Valéry. Après L’art du livre, nous poursuivons la publication d’une œuvre aussi rare que fascinante.

ISBN : 978.2.37792.124.9
  • 700 exemplaires sur vélin.
    14 euros.

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