Pierre Jean Jouve

Beau regard

Bois et pointes sèches de Josef Sima.

1987 ‒ 64 pages ‒ 14 x 22 cm

Elle est assise clairement. Le beau regard regarde mes yeux, il y lit déjà la parole. Suspends, ah suspends la parole, pendant qu’il est temps encore !
«J’ose vous déclarer autre chose que de l’amitié.»
C’est fait, le rideau se déchire, les visages sont pourpres, tout est désormais nu, terrible, l’homme et la femme se contemplent, s’approchent. Une face pâle est effrayée, des souffles sont perdus dans une fête. L’avenir se déroule – j’accepte – j’accepte – déjà avec mes deux bras je lui fais une ceinture, c’est plus chaud que son regard.

Écrit en 1927 et écarté par le poète pour “raisons affectives”, ce Beau Regard scrute la relation clandestine entretenue avec une jeune amante. En dépit de tous les obstacles, son mariage et la société, l’auteur vit cet amour sans réserve, caresse en vers et prose chaque évènement, de la fraîcheur des premiers mots jusqu’aux chagrins du dénouement. Son écriture magistrale fait de cette histoire anodine, vouée à l’éphémère, le berceau et la scène de sentiments furieux et universels.

L’œuvre de Pierre Jean Jouve est sans doute l’une des plus originales du XXe siècle ; l’une des plus exigeantes aussi, en perpétuelle quête de perfection formelle, et c’est ce qui explique probablement le silence dont elle fut toujours entourée et la façon dont elle est, aujourd’hui, quasiment occultée. Initié à la psychanalyse, Jouve était habité d’une haute «Idée» religieuse, assez éloignée du strict dogme catholique, considérant le langage comme l’organe spirituel de l’homme et la poésie comme «l’expression des hauteurs du langage». De grands poètes de notre temps (Yves Bonnefoy et Salah Stétié, par exemple) se sont employés à faire reconnaître l’importance de son œuvre.

ISBN : 978.2.37792.139.3
  • Nouvelle édition à 700 exemplaires sur vélin en septembre 2023.
    16 euros.